Echo Afrique

41 pays africains sur 54 enregistreront une dépréciation nominale de leurs monnaies d’ici fin 2022

En Afrique, la reprise économique 2022 sera confrontée à des défis financiers économiques, mais également politico-sécuritaires. D’après l’EIU, l’Ethiopie et le Soudan seront les deux pays qui feront face à la plus grande baisse de leurs devises nationales en Afrique, cette année.

41 pays africains sur 54 devraient enregistrer une dépréciation nominale de leurs devises nationales par rapport au dollar au cours de la période allant de la fin 2021 à fin 2022. C’est ce que révèle un rapport de l’Economist Intelligence Unit (EIU), publié au cours de la semaine dernière.

D’après l’institution, cette prévision est motivée par les risques qui pèsent encore sur les économies africaines, malgré la reprise économique mondiale post-covid-19. Ces risques seraient susceptibles de compliquer la mise en œuvre de certains accords commerciaux et d’investissements sur le continent.

«On s’attend à une volatilité accrue des monnaies, compte tenu des facteurs variés et contradictoires qui vont s’abattre sur la région, notamment les effets durables de la pandémie et les reprises économiques modestes, les finances nationales tendues et les marchés des matières premières haussiers, et le hausse de l’inflation annuelle, notamment». D’après l’EIU, cette dépréciation devrait accentuer les pressions inflationnistes qui se sont accélérées ces derniers mois dans plusieurs pays d’Afrique.

Il faut souligner que ce rapport intervient dans un contexte où la reprise économique tant attendue en Afrique est entravée par des difficultés concernant notamment la lenteur de la campagne de vaccination sur le continent, l’émergence de nouveaux variants et la persistance des crises politico-sécuritaires.

D’après l’EIU, l’Ethiopie et le Soudan, deux pays en pleine crise politico-sécuritaire, devraient enregistrer les plus fortes dépréciations de leurs monnaies en 2022. Une situation qui intervient alors que les besoins de financements publics continuent de s’accentuer poussant les pays africains à emprunter de plus en plus sur le marché des obligations pour combler ce déficit.

En 2021, plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, dont le Bénin, le Kenya, le Sénégal, le Ghana ou la Côte d’Ivoire, ont ainsi réussi à lever d’importants financements sur le marché des obligations en pleine pandémie de covid-19. D’après le FMI, la reprise économique de l’Afrique subsaharienne en 2022 devrait être moins importante que celle de l’année dernière. Elle est attendue à 3,7% cette année contre une estimation de 4% pour 2021.

«Près de 30 Etats africains connaîtront une inflation annuelle moyenne des prix à la consommation égale ou supérieure à 5% en 2022, tandis que dix d’entre eux —dont l’Angola, l’Ethiopie, le Nigeria, la Zambie et le Zimbabwe— auront un taux d’inflation à deux chiffres», indique l’EIU.

Le rapport de Global Witness attire l’attention du secteur financier
sur les objectifs climatiques

La nécessité du financement des énergies vertes en Afrique est connue et approuvée par plusieurs experts. L’attention des groupes financiers Standard Chartered Bank (Royaume-Uni) et Société Générale (France), ainsi que le groupe Industrial and Commercial Bank of China (ICBC) est attirée sur le fait que le projet de construction du barrage hydroélectrique de Sombwe en RDC, pour lequel ils ont apporté des solutions de financement, présente un risque pour l’environnement et une violation des engagements en faveur de l’atteinte d’un objectif de net zéro pour les risques climatiques. «En submergeant des étendues de forêt, le barrage pourrait augmenter les émissions globales équivalant à 1,3 million de tonnes de CO2 d’ici la fin du siècle, soit plus que les émissions créées par la combustion de 3 millions de barils de pétrole, réduisant ainsi l’impact positif de ce qui pourrait apparaître comme un projet d’énergie verte et renouvelable », peut-on lire dans le rapport de Global Witness sorti en décembre 2021.

ICBC apporte un financement direct sur les 500 millions de dollars de contributions faites par les banques chinoises, tandis que Standard Chartered Bank et Société Générale ont arrangé au profit du projet un emprunt de 300 millions de dollars sur le marché international des obligations.

L’alerte concerne aussi des sociétés de gestion de fonds et d’actifs, BlackRock, Vanguard et Dimension Fund Advisor, qui, via la bourse de Hong Kong, détiennent respectivement pour 17 millions $, 12,8 millions $ et 5,6 millions $ d’actions au capital de Power China, l’entreprise qui a reçu mandat de développer le projet.

La construction de ce barrage survient dans un contexte de récents engagements très médiatisés sur la limitation de la déforestation, les émissions et la biodiversité pris, lors de la COP26, et à la Conférence des Nations unies sur la biodiversité.

A priori, il y aura un arbitrage complexe entre le besoin de réduire le déficit d’accès à l’électricité en RDC, et celui de mener des actions en faveur de l’environnement. Le rapport de Global Witness indique cependant que l’essentiel de l’énergie qui sera produite par ce barrage sera affecté aux exploitations minières qui causent encore plus de dégâts sur l’environnement.

L’inflation sera au cœur des discussions des banques centrales africaines

L’inflation sera au menu des discussions d’une dizaine de banques centrales des pays africains, lors du comité de politique monétaire. Il sera décidé si elles doivent augmenter, réduire ou maintenir leurs taux de refinancement au profit des banques commerciales.

Comme c’est le cas partout dans le monde, les prix ont progressé à des niveaux records au sein de différentes économies africaines.

Traditionnellement, une hausse de l’inflation signifie qu’il y a plus d’argent dans une économie que de biens produits. Ce qui provoquerait une demande en valeur de biens et services plus importante que l’offre. Mais dans le contexte actuel, les coûts de facteurs comme le transport maritime, la spéculation et des défis logistiques sont à l’origine de la hausse des prix.

De même, les gouvernements ont besoin de ressources pour financer la croissance, et avec des difficultés à mobiliser des recettes fiscales, des emprunts peu chers seront la principale solution. Des analyses concordantes  s’attendent à ce que les taux des banques centrales soient maintenus.

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